mardi 14 août 2007

" Travailler plus pour gagner plus "

L’avocat parisien type à ceci de particulier qu’il exerce une profession libérale qui, par essence, peut l’amener à travailler très tard dans le courant de la semaine mais aussi à retourner le week-end sur son lieu de travail (le samedi, voire le dimanche).

Ce n’est pas une légende puisque certains élèves-avocats qui travaillent notamment au sein de grands cabinets anglo-saxons sont d’ores et déjà conduits à goûter aux joies de ce travail quasi continu. Comme toute situation qui de prime abord semble présenter quelques inconvénients, celle-ci a bien évidemment des avantages ou plutôt UN avantage non négligeable... celui de LA rémunération.

Si un élève-avocat réussit à faire ses preuves dans ce type de cabinets, en se donnant quasiment « corps et âme », il peut espérer être embauché un an plus tard en tant que collaborateur et toucher près de 30% de plus que ses camarades retenus dans des cabinets de moins grande envergure.

Mieux : S’il tient à ce rythme quelques années (environ 5 ans), son salaire augmentera de façon régulière tous les deux ans jusqu’à atteindre des niveaux que ne pourront sans doute jamais connaître ses camarades embauchés au sein de petites ou moyennes structures sauf à passer (miraculeusement), dans ce même laps de temps, du statut de collaborateur au statut d’associé.

À ce stade, l’équation d’un élève-avocat est donc assez (trop ?) simple.

- Soit, il fait le choix de ne pas avoir (ou si peu) de vie privée (faute de temps) en passant les cinq prochaines années de sa vie à faire ses preuves au sein d’une structure qui exigera beaucoup (trop ?) de lui... mais le rémunérera en conséquence.

- Soit, il opte dès le départ pour une structure moins importante mais toute aussi honorable en ayant, du coup, une rémunération moindre, des perspectives d’augmentation de rétrocessions d’honoraires inférieures…mais du temps pour une vie privée.

Tout prosélytisme mis à part, force est de constater que, dans ce contexte, la phrase fétiche de notre nouveau président de la république (lui-même ancien avocat) qui veut qu’il faille « travailler plus pour gagner plus », trouve un écho particulier…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour. La situation que vous décrivez vaut également ici, au Québec. Au sein des grands cabinets de Montréal, il est attendu que les étudiants reçus pendant la période estivale (on parle ici d'étudiants, et non de stagiaires) travaillent au minimum 55 heures par semaine (en été, je souligne).

À compter du stage (d'une durée de six mois), il n'y a d'autre limite que celle des 24 heures que compte chaque journée. Il est entendu que le stagiaire ou l'avocat seront présents au cabinet en soirée de façon régulière, les samedis et les dimanches. Ils seront aussi disponible pour des séances de travail "marathon" (travailler pendant une période de 24 à 60 heures consécutives lors d'urgences, plusieurs cabinets sont équipés de douches et ont ce qu'il faut pour permettre aux personnes mobilisées de passer la nuit).

À cela, il faut ajouter la présence à une multitude d'activités sociales au cours de la semaine avec des clients ou des collègues. En plus des "retraites" que les cabinets organisent de temps à autres, le week-end, dans des lieux de villégiature et d'où les conjoints sont systématiquement exclus. Ces séances sont censées permettre le développement d'un esprit de corps.

Comme vous le dites, l'avocat doit se consacrer corps et âme, puisque la disponibilité requise en temps est doublée d'exigences importantes en terme d'énergie et de concentration. Cela suffit à l'évanouissement de plusieurs jeunes couples.

Pour accroître la probabilité qu'un jeune avocat demeure au sein de la boîte en dépit de toutes ces exigences, plusieurs cabinets ont ici pour stratégie d'offrir à l'embauche un salaire mirobolant (d'autant plus qu'un jeune avocat est souvent fauché, comme vous l'écriviez récemment) qui, combiné à l'ensemble du processus de socialisation, amène la recrue à adopter un rythme de vie qui nécessite beaucoup d'argent. Les cabinets prévoient que la plupart de leurs recrues préféreront se déchaîner au travail afin de préserver leur salaire que de renoncer à ce statut économique privilégié. Et ils ne se gênent pas pour en profiter...

Continuez votre excellent blog!

SPCIAL a dit…

Bonjour,

Votre description détaillée de la profession, à travers le prisme d' un avocat embauché outre-atlantique au sein d'un grand cabinet, est effectivement assez conforme à celle que peut vivre un avocat parisien retenu dans ce même type de structure.

Merci pour votre commentaire ainsi que pour vos encouragements.